On notera tout d'abord qu'IPv4 date du début des années 80 à une époque où il devait encore y avoir des cartes perforées sur les bureaux des analyses et des pupitreurs. Le protocole montre ses limites aujourd'hui en terme de fonctionnalités.
Différentes caractéristiques
Le tableau suivant récapitule, selon moi, les principales différences entre les deux versions :
Propriété | IPv4 | IPv6 |
---|---|---|
Taille d'adresse | 32 bits | 128 bits |
dont réseau | 8 à 30 bits | 64 bits |
Taille de l'en-tête | 20-60 octets | 40 octets |
Options d'en-têtes | limitées à quelques unes | illimitées |
Fragmentation | Envoyeur et intermédiaire | Envoyeur uniquement |
MTU mini | 576 octets | 1280 octets |
Découverte du MTU | Optionnelle, rarement utilisée | Recommandée |
Adressage | souvent une adresse par équipement | plusieurs adresses par interfaces |
Types d'adresses | Unicast, multicast, broadcast | Unicast, multicast, anycast |
Configuration | Manuellement ou configuration par DHCP | Les équipements se configurent par eux-même (stateless) ou DHCP |
Espace d'adressage :
Outre un espace d'adressage bien plus grand (32 bits deviennent 128 bits), on notera que la taille du réseau est fixe à 64 bits. En effet, les 64 derniers bits servent toujours à adresser une interface (physique ou logique) d'un équipement. Les 64 premiers bits indiquent toujours le réseau qui est lui même segmenté en un préfix réseau et un identifiant de sous-réseau. On peut alors représenter une adresse sous la forme suivante :
Allocation du préfixe réseau :
Le préfixe réseau attribué aux adresses unicast par l'IANA est 2002:/3 duquel différents réseaux sont attribués au registres régionaux. On trouvera à l'adresse http://www.iana.org/assignments/ipv6-unicast-address-assignments/ipv6-unicast-address-assignments.xml les allocations en cours.
Le processus d'allocation de réseau est, en 2010, le suivant :
- L'IANA attribue un /12 au registre régional
- Le registre attribue des /32 aux FAI
- Le FAI attribue des /48 à ses clients
Configuration des équipements
Un point amusant, c'est que la configuration d'un équipement réseau est automatique. Tout d'abord, pour chacune de ses interfaces, le mécanisme EUI-64 permet d'obtenir une adresse d'hôte (les 64 derniers bits) unique, car basée sur l'adresse MAC de l'interface réseau.
L'équipement envoi une demande sur son réseau ("Router Sollicitation") et le routeur répond avec un message "Router Advertisement". Ce message contient un préfixe IPv6, soit les 64 premiers bits.
Le client n'a plus qu'à concaténer son adresse et le préfixe pour obtenir une connectivité IPv6 !
L'intérêt immédiat est pour la renumérotation de réseaux, elle peut maintenant être réalisée de manière centrale par simple propagation du nouveau préfixe réseau.
Routage
Le routage ne présente rien de bien particulier. Bien sur l'espace d'adressage permet d'agréger les réseaux ce qui ne manquera pas de réduire le nombre de routes annoncées dès que le réseau est un peu important.
Le routage dynamique est similaire à celui d'IPv4, on utilise simplement une version à jour du protocole mais les principes restent strictement identiques. Nous avons donc :
- RIPng
- OPSF v3
- IS-ISv6
- MP-BGP
Pour aller plus loin
Les universitaires français sont impliqués dans IPv6 depuis de nombreuses années et ont déjà une bonne expérience pratique du déploiement d'IPv6. On trouvera donc facilement une documentation abondante, des retours d'expériences et pourquoi pas un coup de main.
Quelques pistes pour démarrer :
- « Guidelines for the secure deployment of IPv6 » (2,3Mo), en anglais. C'est une véritable bible rédigée par le National Institute of Standards and Technology. Bien qu'à l'état de brouillon (draft), ce document vous servira de référence.
- Association G6 dont le but a été de déployer IPv6 sur le réseau national de télécommunications pour la technologie, l'enseignement et la recherche (RENATER).
- IPv6 Task Force dont le but est de regrouper divers acteurs du monde du réseau afin de sensibiliser et d'aider au déploiement d'IPv6
- OSIRIS projet de déploiement de l'université de Strasbourg.
- Stéphane Bortzmeyer a écrit de nombreuses fiches de lectures en français sur les RFC IPv6
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